Coucou les paupiettes !
Je vous propose aujourd’hui de découvrir mon avis sur un roman paru aux éditions 10/18 en octobre 2022. Classé parmi les meilleurs romans policiers du New York Times, Ma sœur est morte à Chicago est le premier polar historique de Naomi Hirahara, autrice américaine.
1944, sur la côte californienne, Aki Ito, 20 ans, et ses parents viennent d’être libérés du camp de Manzanar, où ils étaient détenus par le gouvernement américain depuis le bombardement de Pearl Harbor, aux côtés de milliers de citoyens Américains d’origine japonaise.
La vie qu’ils avaient avant-guerre n’existe plus et ils sont contraints de quitter leur région pour se réinstaller à deux mille kilomètres de là, à Chicago, où la sœur aînée d’Aki, Rose, avait été envoyée quelques mois plus tôt. Rose vit dans le nouveau quartier nippo-américain, près de la station de métro Clark & Divison. Mais à la veille des retrouvailles de la famille Ito, Rose est tuée par une rame de métro. Les autorités concluent à un suicide, mais Aki, qui vénérait sa sœur, est stupéfaite : comment cette jeune femme, parfaite, polie et optimiste, a pu mettre fin à sa vie ? Ne se fiant qu’à son instinct et à son amour fraternel, Aki se lance dans une enquête qu’elle est la seule à pouvoir mener.

Naomi Hirahara nous transporte à une époque pas si lointaine, celle de la Seconde Guerre mondiale, et nous plonge dans une enquête passionnante menée par une jeune nisei (deuxième génération, enfants des premiers émigrants japonais), alors qu’elle sort d’un des dix camps où furent incarcérés les Nippo-Américains après l’attaque de Pearl Harbor. Après des mois d’internement dans ce camp de concentration, après avoir essuyé le racisme et le changement drastique de vie, la famille d’Aki fait face à un nouveau drame : Rose, l’aînée, trouve la mort à Chicago la veille de leur relocalisation et de ce qui était censé être un nouveau départ pour les Ito. Aki refuse d’accepter que sa sœur ait pu se suicider, comme conclu dans l’enquête officielle, et décide de partir en quête de la vérité de son côté. Tout en s’adaptant à son nouvel environnement, elle rencontre les personnes que fréquentait Rose, arpente les rues de la ville et cherche les indices. Elle fouille, interroge, ne lâche jamais le morceau, jusqu’à découvrir ce que Rose leur a caché à tous, et ce qui a changé son destin à jamais.
Je me suis laissée complètement emporter par la plume de Naomi Hirahara, et j’ai enchaîné les chapitres sans voir le temps passer. Ma soeur est morte à Chicago est un roman sombre et prenant, où les rebondissements ne manquent pas. Le contexte historique participe grandement à l’ambiance qui se dégage de l’histoire. J’ai trouvé passionnant d’en découvrir plus sur ce pan finalement assez méconnu de l’Histoire, puisqu’on ne s’intéresse que très brièvement aux Nippo-Américains dans le programme scolaire français. La vie dans les camps, puis le système de relocalisation dans des villes bien précises, le bureau assistant les isei et nisei dans leur recherche d’emploi, de logement, la solidarité dans les moments difficiles, la liberté très relative des Nippo-Américains… J’ai trouvé que l’autrice peignait un tableau très complet de la situation à l’époque, sans que ça alourdisse l’ensemble.
En ce qui concerne l’intrigue en elle-même, elle est particulièrement bien ficelée. Naomi Hirahara nous mène à la baguette de bout en bout, semant le doute dans nos esprits, ouvrant de multiples pistes et soulevant de nombreuses théories. Elle a réussi à me surprendre jusqu’à la toute fin, et je ne m’attendais pas du tout à ce dénouement ! C’est un polar vraiment efficace, qui ne laisse aucune place à la déception.
Les personnages sont intéressants, sans pour autant être particulièrement attachants. J’ai pris plaisir à suivre Aki, qui évolue et grandit au fil des pages, gagnant en assurance et en rage de vivre. Les personnages secondaires ne sont pas très développés, mais ils présentent tout de même différents profils d’immigrés et jouent tous un rôle important dans l’histoire. Ils dégagent tous quelque chose de très fort, je ne saurais pas vraiment comment l’expliquer. En tout cas, on est très investis dans ce qui leur arrive ! Certains sont plus attachants que d’autres, mais ils sont tous réalistes, crédibles, humains. Au milieu de toute la noirceur, l’autrice réussit à glisser une pointe de romance et une belle amitié, sans que ces éléments prennent le pas sur l’intrigue policière.
En résumé, j’ai passé un excellent moment de lecture avec ce roman. Je compte bien m’intéresser aux autres romans de Naomi Hirahara (publiés aux éditions de l’Aube, il me semble), car j’ai vraiment accroché à sa manière de dépeindre les personnages et de construire son intrigue. Une très belle découverte, que je vous recommande chaudement à mon tour !
Alors, tentés ?
La bisette !