Coucou les paupiettes !
Je vais aujourd’hui vous parler d’un ouvrage que j’ai reçu avant le confinement grâce à une masse critique Babelio, il était temps que je vous donne mon avis ! Ladies First : une anthologie du rap au féminin a été écrit par Sylvain Bertot et publié aux éditions Le mot et le reste en novembre 2019. Avant toute chose, je tiens à remercier la maison d’édition et Babelio pour l’envoi de ce livre.
Constitué en majorité d’acteurs masculins et parfois scandaleusement misogyne, le rap semble avoir un problème avec les femmes. Pourtant, elles sont nombreuses à avoir pris part à cette grande aventure. Remontant aux années soixante-dix, ce livre évoque le destin de quelques pionnières puis retrace l’épopée contrariée des grandes dames du rap, aux États-Unis comme ailleurs, d’une époque où elles peinaient à s’imposer sans protecteur masculin, à celle, actuelle, marquée par une profusion de rappeuses. À travers la présentation de cent œuvres et d’autant de rappeuses, de Cardi B à Lil’ Kim, Lauryn Hill, Missy Elliott, Casey ou Keny Arkana, ce livre rend hommage à la pluralité des styles adoptés par les femmes du rap, et à leurs façons, parfois paradoxales, de soutenir une position féministe.
Comme dans bien d’autres disciplines (artistiques ou non), les femmes ont mis du temps à s’imposer dans le milieu du rap. Mais qui a dit que les femmes étaient incapables de rapper ? Que c’était une affaire d’hommes ? Dans cette introduction au rap féminin, Sylvain Bertot remonte aux années 70-80, à l’émergence de la culture hip-hop, et à la place qu’occupe la femme au sein de celle-ci. Le livre se découpe en deux parties, avec environ 70 pages « d’introduction » suivies de la présentation de cent albums qui ont marqué l’histoire du rap au féminin.
Queen Latifah – Ladies First (ft Monie Love) (1989)
J’ai personnellement trouvé ma lecture très intéressante. L’auteur aborde de nombreux aspects de manière simple et efficace, complètement accessible. Cela permet de découvrir beaucoup de choses, que l’on s’y connaisse en rap ou non. Il remonte progressivement à notre époque depuis les années 80, montrant une certaine évolution, évoquant les difficultés rencontrées par de nombreuses rappeuses au fil des années, les questions de postures, le choix des sujets abordés dans leurs morceaux, de leur identité et de leur façon de se mettre en avant (souvent stéréotypée, de la « sista » à la rappeuse hyper-sexualisée, la « bad bitch »), de leurs manières d’adopter une position féministe. S’il se concentre surtout sur la situation aux États-Unis, il s’intéresse également à quelques artistes françaises comme Sté Strausz ou Keny Arkana.
Les chroniques réalisées sur cent albums bien précis permettent d’approfondir certains éléments abordés au début du livre, de découvrir plus en détails certaines rappeuses et nous encouragent, bien évidemment, à aller écouter les morceaux de ces musiciennes qui ont marqué l’histoire du rap au féminin ces trente et quelques dernières années. On remarque ainsi qu’elles ont réussi à s’imposer au fil du temps et qu’il y a aujourd’hui une multitude de rappeuses aux styles différents. Après la vague #MeToo, il est également intéressant de replacer tout ces éléments dans le contexte musical, sachant que les pionnières du rap ont pour la plupart percé grâce à des hommes ou la place qu’occupe la femme dans un genre musical que l’on pourrait qualifier de largement misogyne. Sylvain Bertot évoque la manière dont les rappeuses ont utilisé cet espace de parole pour faire passer des messages féministes, sur la sexualité, etc.
En résumé, Ladies First est un ouvrage que j’ai trouvé intéressant et très complet pour une introduction au rap féminin. C’est une lecture enrichissante que je recommande chaudement à celles et ceux qui s’intéressent à la place de la femme dans la musique et, plus largement, dans la culture. Sur ces belles paroles, je vous laisse sur quelques morceaux piochés dans le livre…
Salt-n-Pepa – Push it (1986)
Roxanne Shanté – Independant Woman (1989)
Choice – The Big Payback (1990)
Da Brat – Funkdafied (1994)
Eve – Love is blind (1999)
Missy Elliott – Work it (2002)
Keny Arkana – Jeunesse du monde (2006)
Azealia Banks – 212 (ft Lazy Jay) (2012)
Junglepussy – Picky Bitch Checklist (2014)
Nicki Minaj – Feeling Myself (ft Beyoncé) (2014)
Kate Tempest – Europe is lost (2016)
Princess Nokia – Tomboy (2017)
Et parce qu’elle est trop bien, allez écouter Brujas aussi.
Cardi B – I do (ft SZA) (2018)
Lizzo – Like a girl (2019)
Ça m’a donné envie de vous présenter quelques rappeuses françaises. Elles existent, elles sont bien là, il ne faut pas croire le contraire. Une petite playlist verra le jour prochainement !
La bisette !
Je ne suis pas fan de rap, j’en écoute très peu mais je redécouvre ce genre musical en ce moment par le biais… de rappeuses ! Du coup, je note ce livre, ça pourrait être sacrément intéressant =)
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