Innocence – Eva Ionesco.

Coucou les paupiettes !

Ça fait un petit moment que je n’ai pas partagé de chronique livresque avec vous, il était temps de remédier à ce problème. Je vais aujourd’hui vous parler de l’une de mes dernières lectures, pas des plus joyeuses mais néanmoins intéressante. Il s’agit d’un récit autobiographique écrit par Eva Ionesco, actrice et réalisatrice française, publié aux éditions Grasset le 23 août 2017. Innocence revient sur l’enfance mouvementée de l’actrice et sur sa relation avec une mère manipulatrice…

Elle s’appelle Eva, elle est adorable avec ses boucles blondes et ses bras potelés. Une enfant des années 70. Ses parents se séparent très vite. Dès lors, sa mère l’enferme dans un quotidien pervers et éloigne le père par tous les moyens en le traitant de « nazi ». Photographe, elle prend Eva comme modèle érotique dès l’âge de quatre ans, l’oblige à des postures toujours plus suggestives, vend son image à la presse magazine.
Emportée dans un monde de fêtes, de déguisements et d’expériences limite, entre féerie et cauchemar, la petite fille ne cesse d’espérer et de réclamer l’absent qui seul pourrait la sauver de son calvaire. Mais sa mère, elle-même fruit d’un inceste, maintient l’enfant-objet sous emprise et attendra deux ans avant de lui annoncer la disparition de son père. Enfin, à l’adolescence, le scandale explose.
Comment survivre parmi les mensonges, aux prises avec une telle mère, dans une société qui tolère le pire ? Une seule voie, pour Eva devenue adulte mais restée une petite fille en manque d’amour : mener l’enquête sur son père, tenter de reconstruire ce qui a été détruit. Une expérience vertigineuse.

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Innocence faisait partie des livres de cette rentrée littéraire 2017 qui me tentaient le plus. Son résumé a tout de suite attisé ma curiosité et j’ai donc sollicité le roman sans hésiter une seule seconde. Je tiens à remercier les éditions Grasset et Netgalley pour l’envoi de ce roman.

C’est un roman assez difficile à chroniquer, et ce pour de multiples raisons. Tout d’abord, il s’agit d’un récit autobiographique, d’un témoignage. Eva Ionesco revient sur son enfance, à partir de ses 3/4 ans. Elle évoque des événements plutôt traumatisants pour la jeune fille qu’elle était, complètement malsains et qui m’ont plus d’une fois mise très mal à l’aise. Je ne veux rien dévoiler du contenu, je pense que si le sujet vous intéresse il faut que vous le découvriez par vous-même. Cela dit, il y a de nombreux passages qui traitent de la pornographie infantile et je pense que ça peut heurter certaines personnes. Mieux vaut être prévenu.

Je n’ai pas spécialement accroché à l’écriture de l’auteure. Je trouve qu’il y a un côté très fourre-tout, un peu brouillon, comme si le livre avait été écrit d’une traite, comme ça lui venait, avec colère et ressentiment (sentiments compréhensibles au vu de ce qu’elle raconte). Cependant, ça n’a pas gêné ma lecture car c’est justement un récit autobiographique. Personnellement, un témoignage de ce type je le prends comme on me le donne, je le perçois comme une confession que nous fait l’auteure et je ne remets pas en cause la manière dont ce témoignage est livré. En l’occurrence, il est ici livré avec émotion. On ressent une foule de chose tout au long de la lecture et je pense que l’écriture impulsive d’Eva Ionesco y est pour beaucoup.

Eva Ionesco dresse un portrait très peu valorisant de sa mère, manipulatrice, à côté de la plaque, perverse. Clairement, j’ai été révoltée par la relation entre les deux femmes. L’auteure se montre elle-même sous un jour assez peu glorieux. Fumer, boire, voler alors qu’elle n’avait même pas 10 ans… Eva Ionesco ne passe rien sous silence et assume tout. Trimballée à gauche et à droite, « vendue » par sa mère.. les conséquences de cette « éducation », de ce mode de vie se font vite ressentir et elle l’exprime sans tabou. Elle évoque également très bien son père absent, ce père qu’elle n’a quasiment pas connu mais qu’elle attendait comme le messie, l’homme qui allait la tirer de ce mauvais pas.

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En parallèle de ma lecture, je me suis un peu renseignée sur toute cette histoire. Je voulais savoir si Irène Ionesco était toujours vivante, comment le scandale autour des photographies qu’elle avait réalisé de sa fille avait éclaté, les conséquences de ce scandale.. J’ai ainsi découvert qu’Irène avait perdu la garde de sa fille lorsque cette dernière avait 13 ans, qu’Eva avait été confiée à la DDASS, qu’elle avait été en maison de redressement, que plusieurs procès avaient été intentés à l’encontre de sa mère (jusqu’en 2015). Je m’attendais à retrouver ces différents éléments dans le témoignage et j’ai été assez déçue de voir qu’elle s’était arrêtée à ses onze ans, pour finalement réaliser un bond dans l’histoire et nous raconter ses recherches sur son père ces dernières années. J’aurais aimé qu’elle nous raconte avec ses mots comment le scandale avait éclaté, comment elle l’avait vécu. C’est un peu dommage de nous balancer tout ça et de ne pas s’exprimer sur la conclusion de toutes ces années où elle était utilisée par sa mère. C’est l’un de mes gros regrets et c’est ce qui fait que mon avis est un peu mitigé. J’ai l’impression de ne pas avoir eu l’histoire en entier et ça me frustre.

Cela dit, malgré le côté très malsain de la chose, c’était une lecture intéressante et prenante. Je pense que je ne m’arrêterai pas là et que je lirai le roman qu’a écrit son mari Simon Liberati à ce sujet (Eva, 2015) et que je regarderai le film My Little Princess, réalisé par Eva Ionesco en 2011, qui traite également de la relation avec sa mère.

En résumé, une lecture très particulière. Il faut s’accrocher, ce n’est pas un sujet facile. Il y a du bon et du moins bon, des choses qui n’ont pas été traitées et qui font qu’on reste un peu sur sa faim.. mais ça reste un récit qui prend aux tripes.

Alors, tentés ?

La bisette !

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Publié par

Ibidouu

Petite chose à la recherche d'un avenir.

14 réflexions au sujet de “Innocence – Eva Ionesco.”

  1. Je le vois partir tous les jours en Librairie et j’hesitais vraiment a le prendre parce que l’histoire me paraissait peut être trop romancée pour une autobiographie. Pourtant avec ton article j’ai une envie folle de le lire! Merci d’avoir été transparente avec nous et de nous laisser voir les points un peu plus négatifs !

    Aimé par 1 personne

    1. Ben franchement je me suis souvent demandé si ce n’était pas romancé (ça l’est certainement un peu), j’ai oublié d’en parler dans la chronique.. Disons qu’elle détaille beaucoup de choses dont on ne se souvient pas forcément quand on a 4 ans. Mais bon, ça reste très crédible !
      J’espère qu’il te plaira 😉

      Aimé par 1 personne

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